10 août 991, quelque part sur la côté de l'Essex, en Angleterre, les longs navires abordèrent. Ceux des Danois, un terme générique désignant les hommes du Nord, qui semaient la terreur en Europe depuis deux siècles.
Combien étaient-ils ? Nul ne le sera jamais mais le récit de la bataille est contenu dans 325 vers écrits en vieil anglais. Six pages publiées pour la première fois en 1726 et qui donnent une vision forcément tronquée de ce qui se passa ce jour-là. De plus, le manuscrit a brûlé en partie lors d'un incendie, et il en subsiste bien peu. Galvanisés par le pillage d'Ipswich, les Danois poussèrent leur chance plus au sud mais comme tout à chacun voulaient s'enrichir au moindre risque. On sait que ces vikings envoyèrent d'abord un message au ealdorman Byrhtnoth pour tenter de le racketter en évitant l’affrontement. L'ealdorman (littéralement « Homme aîné ») était un noble de haut rang commandant le fyrd, l'armée des hommes libres, dans le royaume d’Angleterre, à la fin de l'époque anglo-saxonne. Nommé à ce titre en 956, on sait peu de choses sur Byrhtnoth : il avait une fille, et fut inhumé à l'abbaye d'Ely, il fut un homme pieux dit-on et un fidèle serviteur du roi Ēadgār le Pacifique.
Le poème invente beaucoup, les experts l'ont dit, mais on imagine bien le courageux Saxon refuser la demande de paix des ennemis ancestraux de son peuple en échange du danegeld, le tribut imposé par les nordiques depuis le milieu du IXème siècle.
Fièrement campé sur son cheval, du haut de son mètre 80, Byrhtnoth accède pourtant à la demande des païens : celle de combattre sur un terrain qui leur permettrait de manœuvrer à leur aise. Une grandeur d'âme ou une prétention qui causa probablement sa perte.
Les paroles réelles ou imaginaires des guerriers saxons se succédèrent alors, le culte des héros bavards était très vivace. Le texte fit de leurs ennemis une simple horde anonyme pour mieux souligner le courage des perdants, peut-être. Olaf Tryggvason, le redouté futur roi de Norvège y participa probablement.
Ce qui est sûr est que les 2000 ou 4000 hommes présents s'affrontèrent dans les cris et le sang. Byrhtnoth mourut en recommandant son âme au Dieu unique. Ensuite, la panique gagna les troupes saxonnes qui fuirent le champ de bataille. Le vieux serviteur du earlodman resta, lui, près de la dépouille de son maître.
Il prononça alors les vers les plus connus du poème :
L'âme sera d'autant plus ferme, plus hardi le cœur, Plus grand le courage, que diminue notre force. Ce jour là, le courage ne suffit pas car les vikings triomphèrent.
Et seul un poème en témoigne encore.
Hozzászólások